L’encrier

Nourrit par la peine, renforcée par le doute, la plume fictive apparaît et disparait sans le moindre contrôle. L’énergie pénètre dans les doigts et se décuple de phalanges en phalanges. Une énergie inédite, incontrôlée, presque venue de l’extérieur.
Depuis des années, depuis la plus tendre enfance, une question prime dans le développement de votre vie ; “pourquoi ?” .
Les questions les plus compliquées ne sont pas forcément les plus fournies en mots et vocabulaire. Cette question, ce mot, que vous vous êtes rabâchés, résonnaient dans votre boite crânienne. Vous avez répété cette question indéfiniment à vos parents, grand-parents et professeurs, avant de vous efforcer à essayer d’y répondre par vous-même. Sans vécu, sans recul, il est difficile de répondre à son propre manque d’informations.   Les réponses ne tombent pas du ciel, en revanche, le ciel les emporte.

Escargot

Cette plume imaginaire, apparait au frottement d’une situation de vie inconfortable, à l’image d’un génie qui sort de sa lampe. Lorsque le doute ainsi que la peine en viennent à caresser le confort de vie. Cette plume se dessine et vient se fondre sur les doigts de la main. Un malin plaisir se forme dans la douleur, se forge dans la rancoeur. Une puissance indomptable fait son apparition. La créativité atteint son apogée, le summum de l’imagination.

Serait-ce une jouissance dans la souffrance ? Une touche de bonheur dans un sentiment de mal-être temporaire ? Peut-être sont ils intrinsèquement liés ?

Le dilemme de la feuille blanche, est bien plus qu’un papier de couleur blanche, à la forme rectangulaire. En elle-même, elle pourrait symboliser la pureté, la paix et la liberté. Le malaise de la feuille blanche ne représente rien de plus que le néant, un vide sans fin, d’une profondeur de doute envoutant.

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La réflexion ne se base pas sur un laps de temps accordé, assis sur une chaise ou sur les marches d’un escalier. La réflexion apparaît à la suite d’un “pourquoi ?” qui remonte à la surface. Écrire est une toute autre richesse que la lecture. L’écriture est imprévisible, les mots viennent d’ailleurs, dès lors que vous êtes une nouvelle personne de l’intérieur. La liberté de répondre de sa plume, à grand nombre de questions qui vous embrument.

J’écris à l’encre de mes larmes.

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À l’image de cette métaphore, les méthodes diffèrent selon les personnes, le résultat également. Bien évidemment, tous différents, il se voit logique de nourrir des réflexions qui se ressemblent mais ne s’assemblent pas. Une réflexion en introduit une seconde,  puis une troisième, avant de vous plonger dans une chaîne infinie.
Chaque écrivain détient une plume unique, un pouvoir exclusif et propre à lui-même. Cette plume, est ancrée dans les doigts, dessinée par l’ADN.

Pouvons-nous qualifier une personne qui gratte du papier d’écrivain ? Que cette personne écrive trois lignes par mois ou un livre tous les deux ans, est-il possible de faire l’amalgame ?
Prenons un exemple, quelqu’un qui pratique du sport au quotidien, payé pour réaliser ses performances chaque jour est un sportif, probablement de haut niveau, mais sportif. À l’inverse, une personne qui pratique un footing par semaine, par mois ou qui pratique diverses activités sportives n’est-elle pas un sportif pour autant ?
Axons-nous sur la pratique, non pas le pratiquant. Il est nécessaire de valoriser celle-ci. Vous trouverez généralement meilleur autour de vous et dans tous les domaines, cela ne vous empêche pas de prétendre à pratiquer telle ou telle activité sportive, culinaire, intellectuelle…. Identifiez-vous dans la pratique, prenez confiance en ce que vous faites. Sortez du stéréotype. Un sportif n’a pas forcément battu des records ou les abdos dessinés, un peintre n’a pas obligatoirement vendu des oeuvres, un chanteur n’est pas obligatoirement passé par les studios d’enregistrement, un écrivain n’est pas forcément quelqu’un qui a écrit des livres… Ces exemples sont valables pour tout. La non-atteinte du sommet de la réussite n’enlève pas les bienfaits personnels ou d’éventuelles qualités. Ne vous centrez pas seulement sur un contraste entre le stéréotype et le résultat, plongez vous dans l’implication et son plaisir qui en découle.

Réécrivez votre monde, laissez votre plume vous transformer à chaque seconde. Si vous ne pouvez changer votre façon de voir les choses, changer votre façon de les écrire.

Cessez de vous mentir à vous-même,

Nous sommes tous artistes, dans l’art du silence.

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4 Replies to “L’encrier”

  1. Certes. Mais s’impose un jour le fait de regrouper sur des feuilles reliées entre elles, ces moments travaillés, ces efforts de concentration ou de fulgurance, intuitions ou rêveries, ne serait-ce que pour nos petits enfants, peut-être plus de gens qui pourraient puiser comme nous le faisons en lisant toute sorte d’auteurs, nous nourrissant de leurs vérités, de leurs contractions etc. En somme, par le truchement du livre, nous progresserions dans l’univers. Mais ce n’est pas certain.

    1. Je partage totalement votre avis. L’évolution est dans l’instruction de soi, mais également dans celle de son prochain. Merci d’avoir pris le temps de me lire.
      Bonne journée et à bientôt 🙂

  2. Je découvre cet article (tardivement). Je suis sans voix. Ces mots, ta plume, bravo. Écrire fait partie de ma vie depuis quelques années maintenant, c’est mon travail, ma passion. “Laissez votre plume vous transformez à chaque seconde”. Je suis dans une période difficile où la page blanche est monnaie courante. Cette phrase résonnera en moi à présent. Merci pour ces mots, pour cet article délicieux et réconfortant.

    1. Bonjour Julie,
      Merci infiniment pour ce commentaire très touchant.
      Malheureusement, la page blanche n’a pas de format et sa fin est imprévisible. Laisse tes émotions se manifester quand bon leur semble, ne serait-ce qu’un mot par-ci par-là, l’essentiel est de continuer à écrire.
      Je te souhaite de vite retrouver l’inspiration qui viendra combler le blanc de ta feuille.
      À bientôt,
      Nicolas

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