La vie en rose

Le réveil sonne, sa sonnerie retentissante vous agresse de bon matin et vous rappelle que vous manquez de sommeil. Vous essayez de vous persuader pour le soir même que vous vous coucherez plus tôt que la veille. Les minutes passent et vous vous regardez devant la glace, avant de prendre la douche. Que voyez-vous ?

Voyez-vous quelqu’un de mal dans sa peau ? Ce sentiment de solitude, ce sentiment robotique et programmé, habité par le mal-être. Peut-être que vous avez passé une mauvaise nuit, interpellé par des cauchemars qui ne sont que le fruit de votre imagination. Ne vous demandez vous pas pourquoi votre esprit vous diffuse ces images ? Des images douloureuses, parfois insensée, parfois pas.

Vos problèmes s’incrustent dans votre sommeil et viennent attaquer votre esprit bien qu’il essaie de se reposer. Cessez de regarder votre reflet dans le miroir quelques secondes et fermez les yeux. Essayez d’identifier ce mal qui vous ronge. Est-ce votre emploi, des problèmes financiers ou la présence d’un manque ? Cela pourrait être n’importe quelle autre raison qui fait naître cette boule dans le ventre, une migraine récurrente, les jambes qui tremblent ou bien cette douleur intense dans la partie gauche de votre poitrine. Vous sautez dans la douche, l’eau commence à chauffer et vous venez glisser votre lourde tête sous la projection d’eau dont le pommeau de douche en est à l’origine. L’eau ruissèle le long du visage avant de s’écraser près de vos orteils, l’action se réitère jusqu’à ce que votre mauvais rêve s’échappe au milieu des gouttes d’eau et finit par sombrer dans le siphon. Vous coupez l’eau, la fraîcheur de l’air vient flirter avec votre peau et dresser les poils comme des brins d’herbe. Des frissons voyagent dans votre corps jusqu’à ses extrémités, vous attrapez la serviette, recouvrez la flamme inconfortable du froid et attendez son extinction.

Une fois habillé, vous vous efforcez à avaler de quoi tenir debout pendant quelques heures et patienter jusqu’au déjeuner. Une dernière confrontation au miroir lors du brossage de dents. Une vision améliorée et ce mal-être camouflé par la toilette et la préparation que vous vous êtes accordé. Vous crachez le mélange d’eau, de dentifrice et d’amertume dans l’évier. Il est temps de se rendre au travail, les pieds lourds malgré l’heure qui ne ralentit pas sur votre montre et vous rappelle que vous devez vous dépêcher, pour ne pas arriver en retard. Aussitôt la porte ouverte, la pluie vient heurter votre front levé vers les cieux. La journée s’annonce difficile. Un premier pas dans une flaque, le second sur le bitume. Vous slalomez entre les difficultés de la vie pour avancer sans trop se mouiller.

Malgré toutes vos précautions, le vent arrive à vous propulser de désagréables gouttes de pluie sous la capuche ou votre parapluie. Les gouttes de pluie viennent troubler la réflection de votre personne dans les flaques, ce qui vous rappelle votre instabilité mentale. Vous ne voyez plus rien autour de vous, votre vision est recentrée sur votre personne. Votre champ de vision est flou, mis-à-part le poids sur vos épaules qui n’a jamais semblé aussi net. Vous vous obstinez à aller de l’avant, vous dirigez vers votre lieu de travail et fermez les yeux sur vos doutes. La journée est lancée, vous et votre fébrilité psychologique vous apprêtez à rencontrer vos problèmes quotidiens et récurrents. Le temps passe et la fin de journée approche. Le temps s’écoule délibérément plus lentement quand on s’acharne à faire quelque chose que l’on n’aime pas. Les secondes paraissent minutes, plus vous regardez l’heure et plus le temps paraît long.

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La journée s’achève enfin. Il reste peu de temps pour soi avant le dîner, pour enfin condamner sa soirée devant la télévision. Vous êtes dépendants des programmes diffusés, des programmes vus et revus qui ne vous attirent pas, vous regardez alors un film. Après une vingtaine de minutes à voyager entre le site de streaming et Allociné, pour découvrir sa bande-annonce et ses avis, vous optez finalement pour la catégorie habituelle. Vous n’aimez pas changer vos habitudes de films, c’est ce que vous pensez. Mais en fait, vous n’aimez pas changer vos habitudes tout court.

Le film se termine, vous en faites alors votre propre critique, dans l’intérêt de vous apporter satisfaction du choix qui vous a valu du temps. L’heure vous guète, plus le temps passe et plus vous y faites attention. Les aiguilles gagnent en importance, se déplacent de plus en plus vite. Vient alors le moment où vous décomptez les heures de sommeil restantes, dans l’espoir de ne pas dépasser cette frontière que vous vous imposez tous les soirs. Cette barrière psychologique qui vous dit que, passé cette heure précise, vous n’aurez pas assez dormi et ce qui représente une menace pour le lendemain. Le stress fait une énième apparition dans la journée, une appréhension vous pousse à partir vous coucher et vous endormir rapidement. Encore pire, la nouvelle fonctionnalité “sommeil” de votre smartphone vous envoie une notification, accompagnée d’un petit son d’alerte, vous disant qu’il est temps d’aller vous coucher si vous voulez respecter votre temps de sommeil souhaité. Cette tendance à s’accaparer des nouvelles technologies vous facilite la tâche, à un point que vous vous auto-affiliez des tâches et des règles à respecter, votre smartphone vous rappellera à l’ordre lorsque vous ne respectez pas votre programme. Plus les jours passent et plus votre vie se programme à l’avance.

Le sommeil paraît loin, plus vous y pensez et plus il s’éloigne. Vous changez de côté, à la recherche d’une parcelle du lit qui est encore fraîchement libre. Les yeux fermés, l’esprit ouvert. Plein de choses différentes viennent à l’esprit, vous vous questionnez mais les seules réponses sont des questions. Une question revient en boucle et ce, quel que soit le sujet. Cette question qui n’a de réponse prédéfinie. Un soupir, puis un oeil au téléphone pour regarder l’heure, se rassurer. Finalement, vous regardez si vous avez un message, un message que vous attendez ou non, inconsciemment. Vous glissez le téléphone sous l’oreiller et vous rendez compte que vous en avez oublié de regarder l’heure. Vous le saisissez de nouveau, regardez l’heure, celle-ci a évolué et vient empiéter sur votre temps de sommeil préférentiel.

Plus de temps à perdre, vous basculez votre téléphone en “mode avion” ou en “ne pas déranger”, histoire de ne pas être réveillé à la réception d’un message que vous ne recevrez jamais. Les yeux fermés une fois pour toutes, vous sombrez dans un sommeil et laissez votre esprit vous diffuser un diaporama d’images qui n’ont peut-être aucun lien sauf un, elles vous blessent.

Le réveil sonne, sa sonnerie retentissante vous agresse de bon matin et vous rappelle que vous manquez de sommeil. Les jours s’enchaînent et se ressemblent.

Il n’est pas facile de sortir de sa petite routine. Cette routine qu’on peut aussi appeler zone de confort. Nous ne sommes pas forcément satisfaits du présent actuel de notre vie, mais nous ne nous efforçons même pas à changer les choses. Nous avons peur, peur du risque. Nous nous imposons inconsciemment des limites psychologiques à ne pas dépasser et y sommes contraints.

Votre emploi ne vous plaît pas, votre couple ne vous convient plus, vos études ne sont pas faites pour vous, vous en avez marre d’être confronté au regard des autres, vous saturez de vous casser le dos pour gagner seulement de quoi payer vos factures et vous nourrir à vous ou votre famille, vous souhaiteriez avoir une vie différente, vous n’avez pas confiance en vous ou vous ne vous aimez tout simplement pas… Toutes bonnes raisons qui font que vous en avez marre de subir ce quotidien, mais vous l’acceptez. Après tout, vous vous dites que vous n’avez pas le choix, que c’est la vie. Pensez-vous voir juste ?

Changez votre point de vue, regardez bien plus loin.

Le réveil sonne, sa sonnerie retentissante vous donne une information importante, vous avez de la chance. Oui, vous avez de la chance de découvrir que vous vous êtes réveillé. Ça parait logique, ça ne l’est pas. La flamme de votre esprit peut s’éteindre à tout moment. Ne rechignez pas de vous lever du lit chaque matin. Il faut se dire que cela pourrait être pire, tellement pire. Certains n’entendront pas le réveil sonner quand vous l’entendrez vous, d’autres entendront le réveil sonner mais ne pourront se lever. Chaque jour est une opportunité.
Ce sentiment de solitude, vous pensez ne rien représenter, que les gens n’ont aucun intérêt pour vous. Une trop faible estimation de soi, pour la simple raison que la planète Terre est habitée par près de 7 millards 500 millions d’êtres humains. Vous pensez que des gens comme vous il y en a tous les coins de rue.
Vous avez tort.
Chacun d’entre nous est différent, vous pensez connaître les gens autour de vous mais vous connaissez-vous personnellement ? Combien de fois vous surprenez-vous, vous ne pensiez pas réussir quelque chose mais vous le faites, vous vous surpassez. Ce phénomène qui vous surprend et qui vous donne confiance en vous. Personne ne connaît sa personne sans repousser ses propres limites, sans sortir de cette maudite zone de confort qui nous met dans une boîte et nous référence comme tout le monde. Comment pouvez-vous croire connaître la plus proche des personnes que vous fréquentez, alors que cette personne ne se connaît probablement pas vraiment elle-même.

Il n’est jamais trop tard pour changer son quotidien, nous ne regrettons pas nos échecs, nous apprenons. Les seules choses regrettables sont celles que nous n’avons pas osé tenter. Ne laissez pas les regrets construire un mal-être profond au fond de vous. Levez la tête, regardez toutes ces choses qui vous entourent, toutes les opportunités qui s’offrent à vous. Faites ce qui vous rend heureux(se), n’ayez plus peur de dire ce que vous pensez et dites aux gens que vous aimez, ce que vous avez sur le coeur. N’attendez pas un message, un appel ou une visite. Ne laissez pas votre fierté, alliée à une certaine stupidité, vous retenir. Vous possédez un téléphone, des jambes et une voix capable de répéter ce qui vous ronge et tourne en rond dans votre esprit, vous n’avez alors aucune excuse. N’oubliez pas que le passé n’est pas modifiable, prenez la plume de votre esprit et écrivez l’avenir, le votre, non pas celui que vous vous êtes contraint à accepter. Cessez d’écouter votre compagne(-on), votre meilleur(e) ami(e), vos parents, ou de simples connaissances qui vous obligent à garder les pieds sur Terre. Écoutez votre esprit, écoutez votre coeur et regardez ce qui vous entoure, orientez-vous vers ce que vous aimez et laissez-vous guider…

Chaque jour naît une raison de se plaindre, de râler et ressasser le passé en attendant le jour suivant. Levons les yeux et regardons plus haut que nos pieds qui pèsent et laissent des traces sur notre chemin.

Le bonheur est juste là devant nous, il se présente tous les jours et n’est pas si loin que l’on ne pourrait le croire.

Tout est une question de point de vue, de choix.
Changer son point de vue, lever la tête, faire des choix et regarder la vie en rose.

0 Replies to “La vie en rose”

  1. L’horloge fait Tic-Tac, Tic-Tac ….
    Il n’y avait aucune horloge aux temps préhistoriques et pourtant le soleil et le nécessaire besoin de se restaurer, donnaient le tempo … déjà, Tic-Tac, Tic-Tac !
    Est-il joyeux ou triste ce Tic-Tac ?

    1. Tout dépend si nous le contrôlons ou s’il nous contrôle lui, libre à nous de le rendre joyeux ou triste 😊

  2. Tout au long de la lecture, je me revois eh, oui, une routine interminable qui ne change jamais. Puis tout le positif que tu nous livres… Ça fait du bien de te lire! Il faut changer nos pensées et osez quelque chose. Il n’y a pas d’âge pour faire ce que l’on aime. Apprendre à s’écouter, apprendre à dire non. Et tant pis si ça ne fait pas l’affaire des autres. Être soi! Et regarder la vie sous un autre angle.

    Bravo pour ce positif, si bien écrit. Et ces belles photos.

    Merci d’avoir visité mon blog.
    Amitiés et Joyeuses Fêtes

    1. Merci beaucoup pour ce commentaire, ça me fait plaisir de savoir que mes mots puissent plaire et sensibiliser. C’est grâce à ce genre de commentaires que j’ai envie de continuer ce que j’ai tout juste commencé. Merci encore !
      J’espère à bientôt et Joyeuses Fêtes de fin d’année 🙂

    1. Merci beaucoup pour le partage du lien 😊

  3. A coeur ouvert, et talent d’écriture… des mots et des photos.. excellent.

    1. Merci beaucoup, vraiment. Un commentaire qui me touche et me réconforte à l’idée de poursuivre sur cette lancée.

      1. c’est bien mieux qu’un selfie dont beaucoup raffolent tout en voilant ce qu’ils sont .. Toi, tu te dévoiles avec toute ta sensibilité.. Une mise à nue de l’âme de l’artiste.. J’adore. C’est la meilleure façon de connaître les gens et de les apprécier. Tu offres toute ta richesse intérieure. Un travail de tête et de coeur, c’est magique. Alors merci.

  4. Ouah ! Superbes réflexions accompagnées de très belles photos. J’adore les couleurs et les lumières de ces photos. Oui c’est tellement vrai… il suffit de changer de point de vue. Mais il faut aussi le vouloir. Très bon réveillon et 2017 sera meilleur que 2016. Amitiés blogesques.

  5. En effet, tout est une question de point de vue (de choix peut-être) … tout comme en dessin, il est bon de changer son point de vue, lever la tête, l’incliner, faire un pas sur le côté puis l’autre, revenir sur le modèle … et alors s’ouvre à nous une nouvelle perspective et la vie en rose peut commencer. Merci pour cette publication et le partage de vos beaux clichés
    Il y a des jours comme ça
    Où soudain tout paraît nouveau
    Où toute chose est couleur rose
    … encore plus rose !
    Et des sourires comme ça
    Qui annoncent le renouveau
    Et s’envolent comme l’oiseau
    … encore plus haut !

    1. Merci pour ce commentaire. Il est difficile d’orienter ses points de vues sans se laisser influencer par une ou plusieurs émotion(s). Le travail sur soi peut aider dans la perception des choses et les choix qui en découlent…
      Merci encore et à bientôt !

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